dimanche 22 avril 2012

Opération « TGV fantôme »

Ou comment elle n'aura aucun effet.

J'apprends ce matin par un article du figaro.fr que des abonnés mécontents des retards sur la ligne Nantes-Angers-Le Mans-Paris auraient décidé de réserver des pans entiers d'un TGV (il est question de 800 réservations sur une rame d'un peu moins de 1000 places) au tarif abonné forfait (1,50 EUR) afin d'en impacter la rentabilité, et de faire réagir la SNCF.

Je suis consterné par cette attitude d'enfant gâté. Et évidemment je ne cautionne pas cette opération assimilable à de la fraude qui empêche des clients légitimes de voyager.

Petit rappel sur l'abonnement forfait

L'abonnement forfait est le cousin méconnu de l'abonnement fréquence (la carte demi-tarif qui existe depuis des lustres). Il prend la forme d'un coupon valable sur un trajet donné ou toute la france, dont le prix dépend de l'ancienneté (trois niveaux de prix, ~20% de moins entre le premier et le dernier niveau), de si l'on souhaite voyager sur ligne à grande vitesse, de la durée (31 ou 7 jours consécutifs) et évidemment de la classe. Pour les longues distances (~2h et +) le prix est calibré pour environ deux allers/retours par semaine.

Sur les trains à réservation facultative ou impossible l'abonnement suffit pour voyager. Sur les trains à réservation obligatoire (TGV, anciens Téoz, trains de nuit), il faut se munir en plus d'une réservation dont le prix dépend du type de train, et qui vaut généralement 1,50 EUR. Cette réservation prend actuellement la forme d'un billet normal à 1,50 EUR, qui peut donc être anonyme.

Si l'on fait le tour des pays européens, ce type de produit se retrouve par exemple en Allemagne, sous une forme légèrement différente (et un peu moins chère). Dans d'autres pays il n'y a simplement pas d'équivalent, et il est impossible de jouer au navetteur de cette façon (Espagne par exemple).

Imaginer cependant que la SNCF n'a pas de moyens d'actions est se fourrer le doigt dans l'œil.

Annulation des réservations

La première chose à faire est d'identifier le train en question. Cela ne devrait pas être difficile vu que la date est donnée dans l'article du figaro.fr. Ensuite, il suffit probablement de trouver le train qui possède un nombre inhabituel de voyageurs au tarif "PRO". À priori, le système de réservation ne fait pas la différence entre les différents tarifs au sein d'une même gamme, mais une fois que le train est trouvé, je suis certain qu'on peut retrouver les réservations forfait.

Ensuite on annule en bloc toutes les réservations forfait sur ce train une fois fini le mouvement massif d'achats. Sachant que les abonnés forfaits sont assez réguliers il devrait être possible de deviner le nombre approximatif de voyageurs réels au tarif forfait, de leur réserver un pool de places en conséquence (une voiture par exemple) et d'avertir les contrôleurs de la situation. Ainsi les vrais voyageurs forfait seraient replacés sur ce pool de places non vendues, le reste du train étant réservé de façon normale par les voyageurs à d'autres tarifs. Compléter si besoin par un affichage en gare et dans la voiture dédiée au pool.

Poursuites ?

Actuellement, si l'on veut un billet entièrement anonyme, le seul moyen est de le payer au guichet en espèces. Je vois mal un voyageur-protesteur passer au guichet et réserver 10 places forfait sur le même train. Il est donc probable qu'ils soient passés par Internet. Même en mentant sur le nom du voyageur, la même carte bancaire a probablement été utilisée, ce qui permettrait de remonter au nom de la personne physique.

Ensuite il est probablement possible par recoupement de trouver l'abonné forfait ayant fait ces réservations (il ne doit pas y avoir beaucoup d'homonymes qui font Paris-Le Mans tous les jours). Une fois le numéro d'abonné obtenu, une mesure simple de punition serait l'annulation de l'ancienneté. On peut aussi envisager des poursuites civiles

Même s'ils ont pris beaucoup de précautions il y en aura sûrement qui se feront prendre. Ceux-ci risquent de prendre très cher pour l'exemple.

Et après ?

Tout ce qui risque d'être obtenu par cette protestation, c'est le durcissement des conditions d'obtention des réservations forfait. Sans parler d'imposer de passer au guichet (comme c'est le cas pour certains types d'abonnements), il pourra par exemple être mis en place le renseignement obligatoire du numéro d'abonné, ce qui évitera qu'une histoire de ce genre se reproduise (actuellement, on compte sur le fait que le produit est peu connu, et que personne n'aurait envie de dépenser 1,50 EUR sans l'abonnement associé et l'intention de voyager).

2 commentaires:

  1. Interressant. Et c'est quoi la suite de cette histoire ?

    Mes commetnaires
    La SNCF a effectivement des moyens mais aucune justification à l'annulation des places : elle les a vendues. Si elle les annule sans motif c'est qu'elle casse le contrat commercial. Donc tribunal de commerce.

    Poursuivre.... on a que celà à la bouche. Un dysfonctionnement, une protestation, quelque soit le mode retenu est possible en France par le fait d'avoir le droit de liberté d'expression. A chacun d'assumer sa façon. Le voyageur aura réservé 2 places au lieu d'une, apiera 2 fois le tarif. La SNCF ayant permis cette façon de faire, sera obligée de livrer le voyage.

    Et après ?

    Comment penser un peu mieux le système de la SCNF ?
    Aujourd'hui prendre l'abonnement forfait DIJON-PARIS me coute 480 eur/mois + 40 réservations à 1.50eur (20 AR/mois)... et surtout me coute plus d'une minute sur une borne de retrait par réservation.
    40 minutes par mois à saisir ce que les opératrices de la SNCF font.
    J'ai deux solutions : je le fait et je supprime des emplois.
    OU
    Je vais au guichet, je prend 20 minutes à la gentille dame en face et j'emmerde tous ceux qui suivent. La SNCF mettra soit plus d'agent, soit décidera de modifier son programme informatique.
    Il n'est pas difficile de mettre un bouton "même trajet autre date" ou "reconduire sur la semaine" ou autre... ben non, chaque réservation est tapée individuellement.
    Faites le calcul c'est, à mon rythme, 90eur/h de chiffre d'affaire (1,5 eur/minute) pour un automate ou une personne au guichet.
    Cerise sur le gâteau, ayant le plus haut niveau de réduction (27 ans d'aller-retours avec la SNCF), je ne peux même pas commander une réservation en e-billet ou sur internet...
    A quand le progrès ?
    Avec la SNCF, c'est grande lenteur, mais il y a des progrès.

    Alors la suite de votre histoire ? La SNCF a-t-elle tout annulé d'elle même ou laissé coulé ?
    Je doute qu'elle n'ai fait quoi que ce soit.
    Vouloir contrer ce genre de faits en amène d'autres.
    Une année, la SNCF a voulu nous dégager de PARIS GARE DE LYON avec des CRS : on s'est assis sur les rais, 30 minutes apr TGV, histoire que la SNCF doivent rembourser les billet. Puis on changeait de ligne TGV, re 30 minutes. On attendait notre train, on faisait un sitting. zéro agression.
    On nous a délogé le 3eme ou 4eme jour ou l'on a fait comme celà.
    Le ministre des transports est passé par SENS (89) peu de temps après pour aller à DIJON.
    Il n'est jamais arrivé, par contre les sénonais se rappelle d'une visite de 3 heures d'un ministre dans une seule et même pièce de la gare de Sens...
    Quand il y a une protestation, il faut savoir écouter. Sur ce point la SNCF a beaucoup changé, et en bien.
    Merci à eux.

    Un "usagé" quotidien avec 27 ans de SNCF.

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    Réponses
    1. 1 - J'ai expliqué comment il était possible de prendre en charge les clients qui se présenteraient au départ.
      2 - J'ai été abonné forfait sur Paris - Bordeaux, je sais ce que c'est, et il faut un peu accepter de voyager sur de telles distances tous les jours.
      3 - Les réservations FF98 sont achetables sur voyages-sncf.com et compatibles e-billet.

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